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La voix de l'humour d'une belle et "chouette Nénette" - Interview avec Marina Cars

Dernière mise à jour : 14 sept. 2021


© Photo : Majda Delmas - Push talents


Il est dans la vie, autant d'expressions, de façon de nous décrire, de nous parodier, de nous imiter, sur nos postures, sur nos attitudes, sur nos façons de parler, sur nos façons de dire, que de représenter avec justesse nos émotions. Qu’elles soient de l’ordre de la colère, de la tristesse, du rire et de ses éclats, il est cette difficulté suprême de refléter l’essentiel, le beau, l’unique, l’incroyable de chaque être. La tâche est grande et osée pour qui s’y risque, je vous l’accorde ! D’autant plus, si l’on souhaite mettre le tout en œuvre avec délicatesse, intelligence et sincérité. J’en connais pourtant une, qui a pour arme et sans nez de clown : L’HUMOUR. Elle le manie sans nous singer, sans se moquer méchamment ou bêtement des personnages croisés dans sa vie. Non ! Elle choisit d’y mettre du joli, du drôle juste, de l’équilibre et de la mesure entre le trop et le pas assez. Elle a cette façon de nous secouer de rire et de nous divertir de nous, pour que la magie soit et que ses sketchs opèrent des guérisons enchanteresses à nos âmes blessées et transforment dès lors l’atmosphère en rigolades instantanées. Mais plutôt que d’en témoigner, je vous invite à la rencontrer sans plus tarder.


Virginie Servaes : Chère Marina, je n'en crois pas mes yeux, je suis comme une enfant, je suis tellement contente de vous rencontrer!


Marina Cars : Bonjour Virginie, moi aussi cela me fait plaisir.


V : Voici une toute première question parmi les incontournables du blog "La Voix du Coaching", en cette mi-juillet, que nous dit votre voix de vous Marina?


M : Elle dit que je vais bien. Que je suis très apaisée. Les mois de confinement m’ont permis de me retrouver, d’être très en paix avec moi-même et de prendre conscience de beaucoup de choses. Comme une forme de maturité ou d'un nouveau passage, un petit "pas sage" qui ce serait invité! Un sentiment que l’âge joue beaucoup et prend toute son importance. J’ai eu 34 ans au mois de juin et j’ai eu cette impression que passé 30 ans on s’embête moins, on sait ce que l’on veut, que je grandis. Bien parce qu'en ce moment je suis loin de Paris donc je ne suis pas stressée. Cela faisait des années que ce n’était pas le cas. Avant le confinement, je jouais tous les soirs, j'étais dans un rythme très soutenu, très stressant. Là je suis très bien et ça me fait du bien de le dire !


V : Et cela se voit ! Vous avez un parcours atypique, pourriez-vous nous en conter quelques bribes? Avez-vous toujours été humoriste ?


M : Tout s’est fait très lentement. Depuis toute petite, j’ai toujours eu envie d’être comédienne mais pas d'être humoriste spécialement. J'étais une enfant passionnée par tout ce qui touche à l'art et la création. Je participais à des spectacles de danse, des pièces de théâtre soutenue par mes proches et un public chaleureux et bienveillant comme on s'est être à Charleville-Mézières, ma ville d'origine. Après le bac, je suis descendue à Paris où j'ai pendant deux ans suivi les cours à l'école de théâtre l'EICAR, (école de comédie et d'audiovisuel). C'est pendant cette période que c'est affirmé le fait que j'aimais de plus en plus l'improvisation et faire rire.


V : Pendant cette période comment viviez-vous ?


Je faisais des petits boulots, j’ai été vendeuse, hôtesse d’accueil, j'ai fait pleins de petits jobs, tout en passant des castings. Ce n'était pas évident et cela va vous sembler étrange, mais je suis quelqu'un de timide, qui a du mal à aller vers les gens, à me vendre, donc pour les castings, j’étais en stress à chaque fois. En plus c’est un milieu difficile où comme on nous le dit, il y a « peu d’élus ». Donc faut savoir prendre sa place et ça c'était compliqué. C'est pourquoi j'ai décidé d'écrire mes propres spectacles, pensant me faire connaître comme ça. Alors ce n'était pas le plus simple chemin mais c’est celui qui me correspondait le mieux. J’ai commencé à écrire des sketchs en me faisant aider. Et encore une fois tout s'est fait très lentement. Je n’ai pas vécu tout de suite de mon métier d'artiste, comme je l'ai dit, je travaillais à côté, je passais des auditions et le soir je jouais sur des" plateaux d’humour" où on était payé au chapeau. Autre épreuve, sachant que le public vient parce que c'est gratuit et qu'en plus c'est le public parisien qui est très difficile et rarement acquis. Donc c'est vraiment sur le terrain que je me suis faite.


© Photo : Christine Coquilleau


V : Quel était le nom du premier spectacle que vous avez écrit et joué ?


M : C'était en 2013, "Marina Cars l’ouvre un peu". Mais mon premier vrai spectacle c'était "Toutes des Saintes" monté et joué en 2015-2016, entr'autre au théâtre des Trois Bornes à Paris.


V : Et comment est né ce succès et l'adhésion de milliers de personnes sur les réseaux ?


M : Dans le même temps sont apparus les Youtubeurs, l’application Vine sur laquelle il y avait toutes sortes de petites vidéos de quelques secondes, qui étaient virales. Tout le monde autour de moi me disait qu’il fallait absolument que j’en fasse, pour me faire connaître, que j'allais remplir ma salle de spectacle, parce qu'en plus c'est moi qui payait la salle et c'était lourd à gérer. J’ai ouvert ma page Facebook et fait des vidéos avec mon téléphone et ça a marché.


V : L'inspiration est venue tout de suite?


M : Oui. Le premier style de vidéo qui a fonctionné se passait dans une voiture et je parlais de Justin Bieber. Comme ça a plu j'ai poursuivi. Je tournais avec d'autres personnes souvent en duo, ou plus. Avec toujours pour lieu commun, la voiture. C'était des vidéos musicales en playback, un peu légères, drôles et à la fois très nostalgiques, puisque je reprenais le répertoire des années 90 et 2000! Ça a parlé à beaucoup de générations et beaucoup de filles aussi. Ce succès web a permis de remplir mes salles de spectacle, d’avoir le statut d’intermittente, de vivre enfin de ce métier et de ne plus faire de petits boulots à côté.


V : Cela a du être formidable de passer ce cap et de vivre enfin de votre passion?

M : Oui, même si j’estime que je n’ai pas vraiment "galéré", parce que j’ai toujours eu un toit sur la tête, de quoi manger et qu'aujourd'hui je vis de mon métier. Même si il y a toujours des hauts et des bas, des imprévisibles, c'est une chance. Quand j'ai arrêté de tourner les vidéos en voiture, parce que j'en avais fait le tour, les salles se sont moins remplies. J’ai créé un autre concept, depuis un an, où je joue des personnages féminins dans des situations différentes. C’est super cool parce que d'une part, on me voit en tant que comédienne et d'autre part, ça correspond aussi au nouveau spectacle que je prépare pour la rentrée de septembre. Les personnages vont passer du téléphone à la scène. Ce sera bien de retrouver les gens qui me suivent et qui sont aussi dans l'attente de me voir sur scène. Voilà les grandes lignes de mon parcours.


V : Vous travaillez avec une équipe ?


Au début j’avais une prod et puis les choses évoluent et font que maintenant je gère tout toute seule. J’aime bien ça en fait que tout dépende de moi (sourire). Je me dis, que si ça marche, ça marche et si ça ne marche pas, ça ne marche pas. Dans tous les cas, quelque soit le résultat ce sera grâce ou à cause de moi et j’aime ça.


V : Vous exprimiez un manque de confiance, de timidité dans ce milieu pour « vous vendre», vous mettre en avant dans un casting, où en êtes-vous aujourd’hui par rapport à cela ?


M : J’ai toujours ce cliché de l’artiste qui n’a pas confiance en lui quand il monte sur scène. C’est pourquoi je me suis toujours intéressée au développement personnel, au coaching de vie, pour avoir des clés pour comprendre, des Tips à appliquer. Aujourd’hui certaines situations peuvent s'avérer encore compliquées. Mais ça va bien mieux. Je sais c'est fou, je monte sur scène et je joue devant plein de personnes sans problème et dans la vie de tous les jours je peux m'affoler par timidité, perdre mes moyens, je ne sais pas pourquoi (rires)! J’apprends à l’accepter, ça fait parti de moi et puis je fais confiance au destin.


© Photo : Majda Delmas - Push talents


V : On a l’impression qu’il y a l’envie d’être vue et reconnue tout en restant cachée derrière le rideau ? C'est un peu ça ?


M : Oui, c’est très bizarre comme sentiment, je suis très timide. D’ailleurs après un spectacle, beaucoup de gens ont envie de me rencontrer en vrai et c'est normal, certains me suivent sur les réseaux sociaux, donc ils ont envie de prendre des photos, de me parler, ça me fait vraiment plaisir et en même temps ça m'intimide. J'avoue que quelquefois après mon spectacle, je n'ai qu'une envie c’est de partir et d’être dans ma chambre. Je peux ressentir la même chose quand je suis invitée chez des gens par exemple, qu’il y a beaucoup de monde, je ne suis pas forcément à l’aise dans ces situations-là et je me fais toute petite.

En fait j'aime être en petit comité dans la vie et en méga ultra bonne compagnie XXL dans mon travail.


V : Je suis presque comme vous ! Il semble Marina que ce soit votre nature profonde et c'est ce qui fait qui vous êtes. D'ailleurs beaucoup d'artistes sont plus ou moins à l’aise hors du contexte scénique. Quand les projecteurs s'éteignent, c'est un moment de redescente et de transition. On est plus dans l'ébullition, on a tout donner à notre public, tout se calme et forcément on ne peut pas « inviter tout le monde à la maison».

Ce qui est génial chez vous, c'est que vous avez l’humilité et l'honnêteté d'exprimer cette facette de vous sur votre trac, votre timidité ! En même temps, vous y allez, vous osez vous confronter au public et je trouve ça très courageux ! Vous sentez-vous parfois dans un rôle "d'imposteur" Marina ?


M : Cela peut arriver par exemple sur les plateaux d’humoristes, quand je me compare aux autres. On est 10 à passer, nous n'avons que 5 minutes chacun pour convaincre le public. Donc grosse pression et chaque fois que je regarde celui qui passe avant ou après moi, je le trouve évidemment bien meilleur, plus fort, que moi. C'est le meilleur moyen de se mettre des bâtons dans les roues avant même de jouer ! Et le résultat va en dépendre. Soit ce ne sera pas bon ou pas comme on voudrait, car on part avec un esprit de perdant et on va ramer. C'est mon cas ! C'est le problème de se comparer aux autres alors que l'on est tous uniques.


V : Vous arrivez à le contourner maintenant ?


M : J'y travaille. Cela m'a obligé à me concentrer sur moi, sur mon propre spectacle où je vais être seule face à un public qui vient pour moi, pour me voir et c'est lui qui va directement adhérer ou pas à ce que je fais. Ce n'est pas plus facile, parce que je suis attendue, la pression est toujours là, c'est direct mais je suis beaucoup mieux avec ça. Je fais la même chose avec les nouvelles vidéos, il n’y a que moi. J’avoue que c’est un confort et une sécurité.

J’ai fait de très beaux plateaux, le Jamel Comedy Club, la Cigale, Montreux et c'était

génial! Seulement pour moi cela reste une épreuve, pour les raisons que j'ai évoqué et je me dis que je ne fais pas ce métier pour souffrir mais pour rire et faire rire. Ce doit être un plaisir de passer devant des milliers de personnes et/ou à la télé. Et puis, il faut être à son maximum pour faire rire, cela demande 1000% de mes capacités. Car si le public ne te suit pas au bout de 15 secondes, c’est terminé. C’est comme dans un casting, tu as moins de 5 minutes pour convaincre. Le confinement a été bienvenu pour ça, il m’a permis de réfléchir sur ce avec quoi, j'étais en accord ou plus. C'est à partir de là que j’ai décidé de ne faire que des choses qui me font du bien, où je suis dans le plaisir. Je ne veux plus me forcer comme avant, me mettre en danger, "sur ajouter" en pression. J’accepte que ce manque de confiance fasse parti de ma personnalité. Je sais que je ne suis pas la seule, je ne connais personne qui a 100% confiance en elle.


© Photo : Christine Coquilleau


V : En tout cas, je vous rassure, nous ressentons vraiment votre plaisir de jouer tous vos personnages, de faire vos vidéos et d'être sur scène.

Sans transition, parlons de Mélanie et Jennifer avec ses mots cultes « ma Nénette», d’où cela vient-il ?


M : Pour le personnage de Jennifer, je me suis inspirée des collègues de travail de ma mère que je croisais et qui m’appelaient comme ça.


V : Je suppose que le confinement vous a permis d’affiner le rôle de vos personnages. À ce propos, qu’est-ce qui vous inspire à chaque fois ?


M : Comme je l'ai dit, j'ai fait beaucoup de petits boulots. J’ai travaillé en tant que vendeuse, j’ai été à Pôle Emploi, donc ce sont des situations connues et que j’ai déjà vécu. Souvent dans les commentaires que je reçois, on me demande de jouer des infirmières ou des fleuristes par exemple, sauf que ce sont des milieux que je n’ai jamais pratiqué et je n'ai pas envie d'inventer. C’est ce que je vis qui me parle, qui m'inspire. Les personnages que je joue sont des personnages que j’ai côtoyé. Jennifer avec sa perruque par exemple, pendant plusieurs années j'ai travaillé au Printemps et je voyais toujours des « petites bonnes femmes» de 55 ans, « bon chic – bon genre », qui étaient là depuis 20 ans, voulaient toujours bien faire, etc. Ou encore, lorsque j’avais 18 ans, je travaillais dans les centres aérés et j’ai rencontré beaucoup de femmes entre 30 et 60 ans. C’était des vraies femmes, brut de décoffrage, un peu vulgaires, coquines, des vraies femmes. Elles me faisaient mourir de rire et ce sont aussi ces souvenirs que j’aime explorer. Ces traits de caractères repérés au cours de ma vie qui me donnent cette envie de faire ce type de vidéos. Ce que j’aime, c'est relever les petits détails que l’on vit tous, c’est ce qui plait aux gens aussi. C'est pour ça que ce sont des petits dialogues très simples, des vraies scènes de vie, sans caricatures et où les gens se reconnaissent vraiment.

V : Quel a été le thème de votre première vidéo avec Mélanie et Jennifer ?


M : Le sujet de la première vidéo que j’ai réalisé était sur la manucure. Au départ, je ne pensais pas que j’allais en faire d’autres. C'est l'enthousiasme des internautes qui a fait que je continue. Ils ont également permis au personnage de Jennifer, qu'ils avaient repéré et qui était peu présente par rapport à celui de Mélanie sur le premier, d'avoir la place qu'elle occupe aujourd'hui.

J’aime beaucoup jouer ces personnages que je connaissais d'une certaine manière dans la vie en vrai. J'avais eu ma période où je faisais plus de stand up, parce que c’était à la mode et qu’on disait que les personnages étaient « has been ». Je me suis rendue compte que c’était faux et j’ai repris les vidéos en jouant ces femmes totalement à ma manière.


© Photo : Majda Delmas - Push talents


V : Nous ressentons bien que vous connaissez vos personnages, que vous avez vécu un certain nombre de situations et que vous n’êtes pas dans l’imitation ou le plagiat. C'est ce qui rend l'ensemble très attachant et nous renvoie nous aussi, à des évènements connus, des personnes croisées dans notre quotidien. D’ailleurs, Marina, qu’est-ce qui vous pousse à aller toujours plus loin et pourquoi ?


M : Ce sont les échecs, je pense. C’est de tomber et de se relever, de se dire qu’on ne va pas y arriver et puis finalement avec surprise se rendre compte que si et que l'on peut aller toujours plus loin. Je l’observe aussi bien dans ma vie privée que professionnelle, c’est normal de se casser la figure tant qu’on se relève après. C’est aussi le soutien des gens, des proches, du public, ... Quand beaucoup d'entre vous me témoignent que les vidéos leur font du bien, les aident, sachez que c’est pareil pour moi. Cela me fait du bien de savoir que ce que j'écris plaît, ça me soutient tellement, cela me donne de l’assurance et du bonheur. C'est ça qui me fait lever chaque jour, qui me donne l'envie de créer, de me mettre la pression, encore plus quand tu sais par exemple, que ton prochain spectacle est déjà complet dans certaines villes! C'est fabuleux, ça me porte.


V : Vous êtes de ces personnes qui vivez l'instant présent ?


M : Je pense. Certaines personnes se disent que leur vie, leur travail seront mieux dans 5 ou 10 ans. Moi, je me dis que maintenant, j’ai déjà tout, je suis en bonne santé, là je suis à la Réunion, j’ai encore mes parents, je m’entoure bien. Je pense qu'il faut savoir faire la part des choses, penser à l’essentiel, j’en suis vraiment consciente maintenant. Donc me dire que j’aille plus loin, oui, mais en allant à mon rythme, sans me faire de mal et en restant sereine.


V : Paroles de sage que je partage. Il est important de s’écouter, de suivre son rythme sans se bousculer, ce qui ne veut pas dire qu’on ne fait rien ou moins bien, bien au contraire!

Quelle femme êtes-vous en 2021 ?


M : Une femme libre, moderne je pense, cool. Je suis aussi une femme-enfant, je suis encore jeune sur pas mal de choses, je m’amuse. Je ne sais pas trop l’image que je renvoie. Je dirai sympa, sans plus (sourire), mais ça va, je suis assez moderne et surtout très libre.


© Photo : Maoulé


V : J'ose dire quand on vous voit de l'extérieur Marina, que vous reflétez l'image d'une femme très vivante. Que tout ce que vous traversez vous rend vivante et habitée d'une grande liberté avec ce sentiment que vous surfez au-dessus de la vague. Partagez-vous avec moi, le fait que vous soyez vraie, authentique?

M : C’est vrai, on me le dit souvent. De toute façon, je ne sais pas mentir, je suis très sensible, je peux rire aux éclats et pleurer très facilement. Avant je me retenais beaucoup de pleurer, mais c’est une horrible chose de se retenir de pleurer, ça fait mal au corps! À présent je n’ai aucun problème à laisser aller mes larmes, même si ça dure 10 secondes et que l'instant d'après ce soit mes éclats de rires qui se déclenchent. J'ai appris à dire non, si je n’ai pas envie d’aller quelque part, je ne me force plus à parler, par exemple dans des endroits où il y a plein de gens, j'ai appris à m'écouter et qu'est-ce que c'est bien.


V : Que diriez aujourd’hui à la petite fille, la petite Marina que vous étiez ?


M : Je lui dirai : « Ça va aller, il y aura des hauts et des bas mais ce n’est pas pour rien, c’est ce qui te permettra d’être ce que tu es ». Je lui dirai que c’est normal d’avoir des déceptions, c’est ce qui construit la personne. C’est très cliché mais c’est vrai, c’est ce qui me rend forte. Je parle au féminin car je trouve que les femmes sont fortes. Je nous trouve très fortes, capables, courageuses. Je ne suis pas forcément super féministe, en tout cas à en faire des tonnes, je le suis un minimum. J'aime ce que l'on représente. Je trouve que nous avons une capacité à être forte mentalement, physiquement, à tomber, à se relever. Donc, c’est ce que je dirai à la petite Marina et à ma fille si j’ai la chance d’en avoir une. Qu’il y a des moments difficiles sur le chemin mais que ce n’est pas pour rien et qu’il faut toujours croire en son aventure.


V : Quel est votre femme préférée dans celles que vous interprétez aujourd’hui ?


M : C’est très compliqué de répondre. Parce que mes deux personnages, Mélanie et Jennifer, je les aime toutes les deux. Je ne peux même pas dire laquelle je préfère, j’adore les jouer car elles sont opposées. En plus, je veux les rendre aimantes l’une envers l’autre, même si elles s’envoient des pics etc. Quand je fais le montage d'une vidéo avec elles, je n’ai pas l’impression que c’est moi qui joue. Les moments où c’est Jennifer, je rigole, mais pour moi, ce n’est pas moi, je deviens leur spectatrice. J’ai besoin des deux car l’une ne serait pas drôle sans l’autre. Je les aime !

J'avoue qu'elles me sont tellement familières. Chacune à quelque chose de moi et de mon entourage. Pour Mélanie, c'est une de mes copines qui lui ressemble et parle comme elle. Quant à Jennifer, ce sont les collègues de ma mère que je croisais quand j’étais petite, ou les vendeuses du Printemps, avec lesquelles je travaillais. Pareil pour le personnage de Peggy qui vient du Nord, je n'ai pas l'impression de faire un grand effort étant donné que moi-même j'ai l'accent du Nord (rires). Les mots sortent avec l’accent très facilement, la posture aussi. Donc c’est très simple pour moi de les faire, de les jouer et c’est toujours un plaisir.


© Photo : Majda Delmas - Push talents


V : Sans nous dévoiler les petits secrets, comment procédez-vous, pour Jennifer et Mélanie, lors d'un enregistrement ?


M : A la base, j’ai l’idée, puis je fais le dialogue pour chaque personnage différencié par une couleur pour bien me repérer. Puis je commence par Mélanie et toujours Mélanie.


V : Pourquoi ?


M : Pour moi Mélanie a toujours été le personnage principal et Jennifer le deuxième mais qui prend autant de place aujourd'hui. C’est son personnage qui m'aide, qui m'inspire pour les enchaînements. Le travail du regard est très important. Quand je me sens prête je prends mon téléphone et j'enregistre. Vu que je ne suis jamais sûre de moi je fais 4 à 5 fois la même phrase. C'est sûr ça demande beaucoup de travail et c'est pour cette raison que je fais une vidéo par mois.


V : Regardez-vous vos vidéos ou vos représentations?


M : Non. C’est vrai que parfois mes sketchs passent à la télé et je ne peux pas me voir, c’est impossible, je trouve ça très dur. Alors que c’est différent quand je joue mes personnages et au moment du montage aucun problème de me regarder..


V : Pourquoi c’est dur ?


M : Car c’est moi quand même! Je parle de moi dans les stand-up et je ne supporte pas. C'est peut-être trop proche de qui je suis. Alors que mes petites vidéos, je peux les regarder sans problème, je suis dans des rôles. Quand je fais Peggy ou Jennifer par exemple, je me fais rire parce que ce n’est pas moi. Ce sont "mes bonnes femmes" que je connais à Charleville, sans les dénigrer bien sûr et j’adore ces femmes justement parce que je les trouve tellement généreuses, authentiques, saines.


V : En tout cas, je vous avoue que regarder vos vidéos me fait un bien fou, car je me retrouve dedans, je m'identifie dans tellement les scènes ou dialogues qui peuvent ressembler à ce que j'ai pu vivre. Notamment celle sur le chagrin d'amour.


M : Ah, le chagrin d'amour, eh bien oui, j'en sortais justement quand je l'ai écrit. C'est très douloureux une rupture, d'ailleurs, on dit qu'après le deuil, la rupture amoureuse est ce qu'il y a de plus difficile à traverser. Donc je me suis tout de suite dis qu'il faut que je m'en serve. Ca me permet de me remettre sur pieds et quand je lis les témoignages des personnes qui me disent que ça leur a fait du bien, je me dis qu'on est toutes dans le même bateau.



V : Comment a été accueilli votre succès autour de vous ? Comment gérez-vous la notoriété?


M : Je suis très proche des personnes que je connais depuis 10 ans et plus. J’ai la chance d’être très soudée avec ma famille, j’ai 3-4 bonnes copines. Ils sont vraiment contents pour moi et ils me soutiennent. Je suis bien entourée.

Après, je pense que j'ai une bonne intuition et j’arrive à bien ressentir les gens. La vie fait que l'on traverse parfois des situations que l'on n'aurait pas imaginées, les trahisons etc... J'ai appris à être prudente, à me protéger. Donc c’est vrai que je ne me fais pas beaucoup de nouveaux amis et ça me va. Après, j’ai toujours plaisir à voir les gens mais je n’en attends pas plus. Je suis quelqu’un de très solitaire aussi, ça ne me dérange plus d’être seule un samedi soir. C’est quelque chose que j’ai intégré aussi, car quand j’étais jeune il fallait absolument sortir le weekend, avoir des potes… Maintenant, j’aime bien me dire que je suis toute seule et que si j’ai besoin il y a de vraies personnes autour de moi sur qui je peux compter et inversement.


V : Marina, si vous deviez laisser une chose derrière vous en ce 8 juillet 2021, qu’est-ce que ce serait ?


M : Je suis addicte à mon téléphone, je pense à ça en premier, maintenant on fait tout et on gère tout sur notre téléphone. J’aimerais faire des petites pauses.


V : Quels sont vos 3 mots inspirants du moment ?


M : RIRE, AMOUR et BIEN-ÊTRE


V : Quand vous parlez de bien-être, est-ce que vous vous accordez quelques moments justement à vous ?


M : Oui, je m’écoute, j’adore faire des siestes, écouter des méditations, faire des séances d’hypnose, lire aussi, je lis de plus en plus de livres sur le développement personnel, écouter de la musique, ... J’aime prendre soin de moi, faire des gommages par exemple, ça me fait du bien et surtout, surtout bien m’entourer.


V : Que pouvons-nous vous souhaiter ?


M : Que je reste en bonne santé longtemps et du succès ! Que tout se passe bien. Je ne demande pas énormément, je veux juste que ça continue.


V : Je vous souhaite du bonheur dans tout ce que vous vivez, nous avons hâte de vous voir sur scène et plus.


M : Merci Virginie, c’était un plaisir d’échanger avec vous, un moment très agréable. À bientôt.


Merci mille fois fois Marina de vous être posée avec nous. Un savoureux moment chers lectrices et lecteurs que je vous invite à poursuivre en vous ruant sur ses vidéos de son compte Facebook . En attendant de la retrouver sur scène 2021-2022 ( lien achats billets), je vous propose d' adopter un de ses adages, celui de nous dire que la vie est bien heureuse, joyeuse et vaut sacrément le coup. Des claps et des chapeaux bas à profusion nous vous envoyons sur l'Île de la Réunion. À tout bientôt.


Bel été, prenez bien soin de vous... !


© Photo : Majda Delmas - Push talents



Mise en page : Cynthia Akel

Supervision : Sebastien Lapray

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